Une historienne ancrée dans le présent
Michèle Stanton-Jean, membre du Conseil Citoyen | par Odette Bourdon | photo Josette Bourque
Michèle Stanton-Jean a eu une vie bien remplie, comme le montre son impressionnante feuille de route qui continue de s’allonger ! Née à Québec, elle y passe toute sa jeunesse. Très sportive, elle s’adonne au ski, au tennis et même au yoyo, un jeu où elle excellera. À la fin de ses études classiques, elle travaillera comme journaliste au quotidien Le Soleil pendant trois ans. C’est alors qu’elle développera ses talents de recherchiste et de rédactrice.
Aînée d’une famille de cinq filles, Michèle perd sa sœur Madeleine dans un accident de voiture alors qu’elle est enceinte de sept mois ; elle décide de donner ce prénom à la petite fille qui naîtra par la suite. Son père, Roger Stanton, fonctionnaire au gouvernement du Québec, est anglophone du côté paternel, mais il élèvera sa marmaille en français. Sa mère, Françoise Gamache, femme très active, encourage ses filles à aider les moins bien nantis. Les rires résonnent régulièrement dans la maisonnée accueillante, surtout lors des visites de leur oncle Marcel Gamache !
En 1959, Michèle épouse Pierre Jean, puis le couple s’installe près de l’Université de Montréal. Ils auront quatre enfants : Dominique, Nathalie, Madeleine et Philippe. Cela n’empêchera pas Michèle de réaliser son rêve d’études universitaires et d’obtenir une maîtrise en histoire et en andragogie.
En 1974, elle publie Québécoises du 20e siècle, le premier d’une série de livres marquants qui révéleront l’histoire méconnue des femmes d’ici. Quelques années plus tard, Michèle récidive et fait paraître, avec trois autres historiennes, L’Histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles.
De 1980 à 1982, elle préside une commission d’enquête sur la formation professionnelle et socioculturelle des adultes. Elle accepte ensuite l’invitation de Pauline Marois et devient sous-ministre adjointe et directrice générale de la formation professionnelle au ministère de la Main-d’œuvre et de la Sécurité du revenu.
Des années plus tard, Michèle entre au gouvernement fédéral où elle sera successivement directrice exécutive de l’emploi et de la formation professionnelle, sous-secrétaire d’État, puis sous-ministre de la Santé. En 1998, elle est nommée à la mission permanente du Canada à Bruxelles où elle s’occupera de santé et d’affaires sociales jusqu’en 2000.
Une fois de retour à Montréal, elle veille au développement des programmes à l’Université de Montréal, puis devient représentante du Québec à l’UNESCO, à Paris. Toujours avide de connaissances, elle fait des études doctorales en sciences humaines appliquées (option bioéthique) et consacre sa thèse au thème du bien commun.
Au fil des années, la passion de Michèle pour l’histoire ne se dément pas. Elle publiera ainsi, avec Marie Lavigne, deux ouvrages sur des pionnières féministes : Idola Saint-Jean, l’insoumise ; et Joséphine Marchand et Raoul Dandurand : amour, politique et féminisme.
En juin 2024, l’Université du Québec à Trois-Rivières lui a décerné un doctorat Honoris Causa en reconnaissance de sa carrière prolifique et de sa contribution sociale inestimable.
Au sein du Conseil citoyen, elle partage maintenant sa joie de vivre contagieuse. Toujours soucieuse du bien commun, elle y poursuit l’objectif de donner une voix aux personnes âgées dans les prises de décisions.
En pensant à l’avenir, Michèle ne peut cacher un certain pessimisme face aux organisations politiques qui ne s’occupent pas assez des conséquences, depuis longtemps prévisibles, du vieillissement de la population. Devant cette situation, elle ne baisse pourtant pas les bras. Par son engagement, l’octogénaire prouve que les personnes aînées peuvent rester bien ancrées dans le présent.
Portrait de personnes aînées engagées: Nous poursuivons notre série de courtes entrevues de citoyennes membres du Réseau résilience aînés de Montréal (RRAM) afin de faire connaître à quel point il est essentiel de combattre la perception teintée d’âgisme que nous avons souvent des personnes âgées et de comprendre la nécessité de les impliquer dans les prises de décisions qui les concernent.
Leur parcours de vie et leurs engagements illustreront la contribution essentielle qu’elles apportent à notre société dans différents milieux et de différentes façons.