Un engagement sans faille pour la justice sociale
Denise Veilleux, membre du Conseil Citoyen | par Michèle Stanton-Jean | photo Josette Bourque
En retraçant la vie de Denise Veilleux, deux grands thèmes se dégagent : l’éducation comme moyen d’égalité des chances et l’engagement social comme devoir citoyen. Née en 1948, la septuagénaire a grandi dans une petite ville de la Rive sud de Montréal. À la fin de ses études primaires, elle bénéficie des trois autres années d’éducation publique qui s’ouvrent avec la Révolution tranquille. Elle fréquente alors l’école Gérard Fillion, qui va servir de modèle aux polyvalentes. Elle pourra même entreprendre des études supérieures grâce à la réforme qui donne aux filles l’accès aux collèges classiques.
Son intérêt pour l’éducation lui vient de sa mère qui souhaite voir ses filles s’instruire et devenir capables de gagner leur vie. Son milieu modeste l’amène très tôt à prendre conscience des inégalités sociales. Adolescente, elle participera au mouvement de la Jeunesse étudiante catholique (JEC) qui est présent dans les écoles. « Cette expérience m’a appris à discuter, à travailler en équipe et à développer des valeurs comme la solidarité et le sens du bien commun. »
Partie vivre à Montréal, elle abandonne sa scolarité lorsqu’elle donne naissance à sa fille en 1969. Elle reprendra toutefois son parcours en 1978 et obtiendra un baccalauréat en traduction à l’Université Laval en 1981. Installée en Outaouais pour occuper son premier emploi de traductrice, elle suivra des cours à temps partiel à l’Université d’Ottawa jusqu’en 1998 où elle obtient une maîtrise en sociologie et études féministes.
Durant ses années en Outaouais, une occasion d’engagement se présente avec la lutte pour sauver le parc du lac Leamy où Loto Québec veut ouvrir un terrain de golf. Denise devient porte-parole de la coalition SOS Leamy et aide à élargir la mobilisation en ralliant aux écologistes, des groupes communautaires et un syndicat de la fonction publique fédérale. Après une vaste campagne, les efforts portent fruit : Loto Québec abandonne son projet ! Poursuivant son idéal de justice sociale, elle s’engagera ensuite dans l’action politique.
Pour Denise, le Conseil citoyen offrait un lieu naturel pour faire valoir les expériences et les savoirs des personnes aînées. « Je voulais que nos voix aient plus de poids, plus de pouvoir d’influence dans le Réseau Résilience Aîné.es Montréal. J’espérais créer un groupe d’appartenance où nous pourrions réfléchir à notre vieillissement, ensemble. Je comptais sur nos efforts combinés pour élargir l’impact du Réseau et pour développer notre leadership. »
Maintenant, Denise souhaite faire en sorte que l’intégration des personnes aînées dans divers lieux de décision devienne une réalité. Pour leur donner un droit de cité, elle envisage entre autres la création d’un Conseil des doyennes et doyens à Montréal. « Cette instance pourra faire des recherches sur les conditions de vie de la population aînée et fournir à la Ville des recommandations. » Denise sait qu’il faudra aussi sensibiliser les personnes aînées afin de changer cette vision de la vieillesse trop souvent perçue comme une période où l’on perd son pouvoir d’agir. Elle conclut : « Il faut affirmer et incarner le fait que nous sommes et demeurons citoyennes et citoyens à part entière, jusqu’à la fin ».
Portrait de personnes aînées engagées: Nous poursuivons notre série de courtes entrevues de citoyennes membres du Réseau résilience aînés de Montréal (RRAM) afin de faire connaître à quel point il est essentiel de combattre la perception teintée d’âgisme que nous avons souvent des personnes âgées et de comprendre la nécessité de les impliquer dans les prises de décisions qui les concernent.
Leur parcours de vie et leurs engagements illustreront la contribution essentielle qu’elles apportent à notre société dans différents milieux et de différentes façons.