Odette Bourdon : une plume et une parole au service des sans-voix
Odette Bourdon, 78 ans, membre du Conseil Citoyen | par Michèle Stanton-Jean | photo Josette Bourque.
Née à Montréal, en 1946, Odette Bourdon est la fille de Joseph Bourdon, ex-journaliste et auteur du livre « Montréal-Matin », son histoire, ses histoires. On peut donc deviner qu’Odette a le journalisme dans son ADN !
Dès l’âge de 20 ans, elle est rédactrice en chef du journal de son quartier, Le Guide Mont-Royal. Plus tard, elle travaillera durant 15 ans comme correctrice d’épreuves, puis journaliste au Montréal-Matin. En 1973, elle y publiera entre autres la série Les escapades de Matinale. Pendant une vingtaine d’années, elle poursuivra une carrière liée à l’information tant à la radio qu’à la télévision. À titre d’exemple, elle occupera le poste d’agente d’information au Service de la promotion et de la publicité de Radio-Québec, puis celui de scénariste et recherchiste à l’émission « Le club des 100 watts », une fonction qui lui vaudra un prix Gémeaux en 1990.
Cette année-là, elle publie son premier roman, Ramasse-toi ou crève, une forme de thérapie, dit-elle. On y suit le parcours d’une femme qui, après avoir traversé plusieurs épreuves, chemine vers l’autonomie. « En trouvant les mots pour exprimer mes émotions, j’ai pu évacuer beaucoup de rancœur. Mettre des mots sur ses émotions répand un baume sur celles-ci. » Au fil des ans, elle publiera une quinzaine de livres.
Auteure prolifique et engagée, Odette participe à une série de livres des Éditions Petite-Rivière-Saint-François associant un texte et un tableau. En 2019, le Jardin des couleurs fait ainsi connaître son poème intitulé « Un Afghan au pays de l’automne » dont la beauté inspira le peintre Philip Girard pour réaliser le magnifique tableau Gaiaetnika.
Depuis quelques années, elle vit une retraite très active. Comme un nombre croissant de personnes, elle se demande d’ailleurs s’il ne faudrait pas remplacer ce mot par « transition ». En fait, elle n’a pas encore rangé sa plume, puisqu’elle signe la chronique trimestrielle « Humeurs d’une baby- boomer » dans Le Montréal Fadoq.
Odette sait toutefois aussi passer de la parole aux gestes. Depuis 2021, elle siège au Conseil citoyen du Réseau Résilience Aîné.es Montréal (RRAM). Avec la dizaine de membres du Conseil, elle propose entre autres d’intégrer les personnes aînées dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets de loi et des initiatives gouvernementales qui les concernent.
Les relations intergénérationnelles lui semblent aussi importantes. « Les jeunes ont une facilité à communiquer leurs besoins et à exprimer leurs pensées. Ils sont plus libres et plus en lien avec le monde, avec une capacité de tout trouver plus rapidement. Sur ce point, ils sont sans doute plus privilégiés que nous ne l’étions, même si j’observe que leur quotidien manque parfois de pauses, d’espaces de réflexion ou d’instants de solitude. »
Reconnue pour son franc-parler, Odette n’a jamais hésité à se faire entendre en prenant la plume et la parole. Pour elle, rien n’est jamais acquis et tout peut chavirer rapidement. C’est pourquoi elle ajoute : « il est important que les personnes aînées, et toutes les strates de la société, occupent une place significative dans la société et demeurent vigilantes ».
Elle croit, avec justesse, à l’importance de transformer certaines normes sociales, comme les stéréotypes et les préjugés, afin de se débarrasser de l’âgisme et de tout ce qui plombe le regard que l’on jette sur les personnes âgées et les gens vulnérables. « Forcer les gens à entrer tous dans le même moule est une grave erreur », conclut cette citoyenne qui continue à mettre sa verve au service des sans-voix.
Portrait de personnes aînées engagées: Nous poursuivons notre série de courtes entrevues de citoyennes membres du Réseau résilience aînés de Montréal (RRAM) afin de faire connaître à quel point il est essentiel de combattre la perception teintée d’âgisme que nous avons souvent des personnes âgées et de comprendre la nécessité de les impliquer dans les prises de décisions qui les concernent.
Leur parcours de vie et leurs engagements illustreront la contribution essentielle qu’elles apportent à notre société dans différents milieux et de différentes façons.